Axel : rêves lucides (suite)
Si vous voulez lui écrire, nous transmettrons


Sommaire.

03/02/2001 : Pris dans le substrat du rêve
05/02/2001 : Sans titre
19/02/2001 : Hurlement

***

Pris dans substrat du rêve.

Cette nuit du 03 02 01, couché à 02h25 très fatigué, mais impossible de m'endormir.
-Mauvaise insomnie, impossible de tenir la respiration consciente et quoi que ce soit d'autres. Battements cardiaques 49/par mn. Les pensées sont nombreuses et défilent rapidement. La question récurrente tourne autour du phénomène de la création des images mentales et de la mort.
-Puis vers 04h15 endormissement léger suivi d'images hypnagogiques indéterminées et assez brèves. Après une petite absence, je me retrouve en état de semi-paralysie dans le noir total. La pensée du terreau du rêve est à nouveau à l'honneur et je me dis qu'il serait intéressant de ne pas laisser monter les représentations oniriques et de voir combien de temps il me sera possible de me maintenir dans ce vide dans lequel je me sens très bien. J'essaye d'intégrer la notion de noir absolu et d'espace infini je trouve cela agréable.
-Mais soudain et très brutalement, le noir se déchire en maints endroits (comme de la pâte à pain trop liquide et collante ou de la pâte Slim que l'on étirerait entre ses mains et qui se séparerait en une multitude de fils). Je me retrouve alors empêtré dans cet espace étouffant composé de milliers de fils noirs étirés. Les trouées laissent échapper des fils gris foncés et plus au fond des fils gris clairs. En même temps que se produit le phénomène, une multitude de coups associés à des micro-explosions déferlent sur ma tête. Terrifié je me réveille avec de violentes décharges dans le dos, la nuque et les omoplates. Je me lève, la face toute engourdie dans sa partie gauche et fonce à la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. J'ai le sentiment pendant un moment que les muscles de mon oeil gauche peinent à tenir le globe en place. Aujourd'hui ma main gauche est toute engourdie.
-05h05 je n'ai toujours pas trouvé le sommeil. Ce qui est terrible c'est qu'il m'est impossible d'en profiter pour l'accomplissement d'exercices.

Je commence à me redemander si les causes d'incursions dans le monde gris n'ont pas une origine physique ou si l'entité noire n'a pas trouvé une forme plus subtile pour venir exercer ses tourments. Je ne souhaite à personne ce type de calotte.


Fin de nuit ou matin 05 02 2001.

Je me situe dans un long rêve bien structuré dont il m'est impossible de me
souvenir...
Après un voyage en voiture à travers des villages tyroliens, l'occupant du
siège passager dont j'ignore le nom, me propose d'aller voir un point de vue
sublime qui aurait inspiré le peintre anglais John martin dans ces visions
d'apocalypse... Nous arrivons, le soir tombe, je lui fait remarquer que le
soleil se couche à l'Est. il ne relève pas.
Je descends de la voiture (côté passager cette fois-ci) et manque tomber
dans le précipice qui se trouve à 40 cm de la portière. J'engueule le type
comme du poisson pourri. En plus pour se garer en limite du précipice, il a
effectué un vif dérapage en bloquant le frein à main (comme les petits cons
qui sortent de boite à la campagne). Le paysage est grandiose, la lumière du
couchant inonde les vallées et plus loin une mer de nuage . À mes pieds, la
paroi verticale de la falaise présente un à pic de plus d'un kilomètre. Je
recommence à engueuler le type. Il m'explique qu'il n'a pas le vertige donc
qu'il n'a pas réfléchi, je m'aperçois que moi j'ai le vertige et que mes
jambes sont toutes molles.
Puis soudain je me dis que le vertige est peut-être une constante chez tous
les rêveurs lucides et fais part de cette question à mon voisin. Il me dit
qu'il ne comprend pas ma question et qu'il ignore tout sur ce sujet.
Je réalise soudain que je rêve, mais ne suis pas assez lucide pour
comprendre que ce rêve est issu de mon esprit et que je fais de ce monde, un
monde réel duquel je suis étranger. J'explique tout ceci au personnage qui
me regarde ébahi et lui propose que nous sautions tous les deux dans le vide
pour lui prouver que nous rêvons et lui dis que les deux meilleures façon de
voler était de provoquer un accident de voiture ou de sauter dans le vide.
Il refuse prétextant qu'il appartient à ce monde et que s'il saute il se
tuera pour de bon. N'étant pas comme Florence et ayant un peu de respect
pour mes personnages de rêve, je ne jette pas le pauvre type dans le vide et
entreprends de sauter tout seul.
Je saute sans appréhension et commence à entamer ma chute mais au bout d'un
moment je prends conscience que je continue de chuter, le type me crie que
je dois changer de plan, que je suis trop dans son monde. J'émets la volonté
de changer de plan et la falaise qui défile se transforme en particules
d'énergie scintillante, de temps en temps les parois bleues réapparaissent
ou disparaissent ce qui m'indique un balancement entre 2 plans du rêve. Mais
avant que je n'ai pu m'envoler Je comprends que le kilomètre est atteint.
Soudain, retour au point de départ, j'atterris quasiment sur la tête du
personnage de rêve qui rigole comme un âne et me dit que nous ne sommes pas
dans un film de Freedy. Du coup, j'éclate de rire puis lui demande quoi
faire. Il me dit de changer de rêve.
Aussitôt, nous nous retrouvons à nouveau dans une voiture, mais à quatre
cette fois-ci. Il y a deux filles inconnues avec nous. Nous sommes
poursuivis par les flics pour excès de vitesse, c'est moi qui conduis,
je les sème à travers une banlieue de petite ville. Le copain me parle de la
conception infantile du rêve vu par Wes Craven. D'un seul coup nous voilà
poursuivis par un sérial killer (c'est bizarre, je ne comprends pas d'où
sort cette idée). Les filles hurlent alors que le chemin rétrécit et que
la lumière des phares commence à décliner. J'explique aux filles que c'est
une anomalie classique dans ce genre de rêve, l'une d'elle avec un fort
accent marseillais me crie d'aller me faire voir et que je divague. Le
copain me dit qu'elles sont nouvelles et qu'il faut leur expliquer.
On ne voit presque plus rien et sommes obligés de descendre de la voiture.
Derrière une grande silhouette noire titubante (du genre "ils viennent te
chercher Barbara") s'approche de nous. Le copain explique aux filles que
nous devons fusionner notre volonté afin de changer le dénouement du rêve,
sinon elles pourrons être tuées par le psychopathe. Elles acceptent, pas
tellement convaincu... je lui dis qu'on s'amuse beaucoup mais il ne trouve
pas ça drôle, car les deux filles appartiennent vraiment à ce monde.
Soudain le paysage commence à s'éclairer, le sérial killer à perdu son look
frankensteinien et se métamorphose en un grand hollandais qui fait du
jogging et passe devant nous en nous faisant de petits signes.
Juste derrière, la femme du hollandais nous fait un grand sourire et nous
jette " pour cette fois vous vous en tirez bien".
Mon copain perplexe me demande si nous ne sommes pas restés dans le même
rêve et me demande de le ramener dans son monde, pourtant les filles ne sont
plus là.
Je tente de redémarrer la voiture mais plus de batterie.
Le copain -"je ne veux pas rester là".
Moi "il faut laisser les images se diluer".
L'environnement disparaît, tout autour, il n'y a plus rien qu'un gris neutre
uniforme. il ne subsiste que nous et le devant d'une voiture bleue à la
Mickey avec des phares qui bougent comme des yeux et un bout de route. Je me
tord de rire ce qui fait rire le copain...
Après ça impossible de me rappeler.

Je pense qu'à aucun moment je n'ai perdu la lucidité bien qu'il y ait des
zones de flou. Je crois que tout au long de ce rêve il y avait un réel
désire ludique, ce qui m'a peut-être empêché d'aller plus loin, mais se
balader dans le rêve comme au Luna Park est une expérience agréable.

Lundi 19 02 2001. (Fin de nuit). Hurlement.

Long rêve normal dans lequel à moment donné je commence à réaliser que je
rêve. Je m'aperçois que je connais le scénario du rêve car j'en suis le
créateur et qu'en fait ces scénarios n'obéissent pas à une loi des accidents
mais répondent à un savant mécanisme dont il peut être possible de connaître
les ficelles. Je sais donc que je suis au coeur d'une sombre affaire de
meurtre dans laquelle je suis à la fois considéré comme coupable (à tort) et
comme future victime...
Me voici dans un dédale de couloir dont je sais qu'ils vont se resserrer à
mesure de ma progression vers le dernier acte.
Les volumes correspondent à des couleurs et à des états. Je réalise que
je suis inscrit dans une logique dépendant des 5 principes du Tao. Alors que
je tente de me glisser entre les deux parois rugueuses d'un couloir jaune,
je reste coincé entre les murs ne pouvant plus bouger. À un moment, je
passe mes mains sur le mur et constate que mes mains sont des masses
scintillantes de même nature que le mur. Sachant que je suis au coeur de
l'élément terre, il me parait logique d'être immobilisé.
Je pense à l'enroulement horizontal et cherche le meilleur moyen
de m'en extirper, mais l'envie soudaine d'analyser le sentiment de
claustrophobie est plus fort et je décide de rester là pour voir ce qu'il va
se passer. Aussitôt, les murs disparaissent et je me retrouve dans la pièce
du dernier acte.
Le décor est un vrai décor de rêve, une chambre de vieille fille des années
20: Une commode chargée, des miroirs baroques, des cadres gris-bleu avec des
roses sculptées et à l'intérieur de grandes et mystérieuses femmes
préraphaélites aux longues chevelures, des fleurs sèches partout et des
tentures brunes, vieux rouge ainsi que des vases en opaline.
Face à moi une frêle jeune fille vêtue d'une grande camisole blanche
chantonne avec un ours dans les bras. Elle ressemble à l'une des eaux-fortes
qui tapissent les murs et se tient dans un large fauteuil.
Je sais qu'elle sait que je suis là, mais j'ignore si elle sait que je sais
que je rêve. l'ambiance est très lourde, tombale, je devine que quelque
chose de terrifiant va se produire puis je comprends que dans la suite
logique du rêve, la jeune fille doit hurler à la vue de quelque chose qui va
lui raviver un souvenir terrible, mais j'ignore quel est l'objet qui va la
plonger dans un tel état.
Pour les besoins de la suite je m'impose de me donner une forme plus
concrète et fais apparaître une poche le long de mon pantalon duquel j'en
extirpe... une photo bien sûr!
Je montre la photo, dont j'ignore le contenu, à la jeune fille qui se met à
pousser un hurlement terrifiant. Je me dis que je ne dois pas fuir le rêve
mais que je dois pousser celui-ci à son point le plus extrême car à tout
paroxysme succède une chute qui peut être une porte.
Le cri se poursuit, un effet de zoom plonge sur le visage de la jeune fille
qui maintenant me regarde droit dans les yeux, les siens sont globuleux et
se déforment sous l'action du cri. Son hurlement est inhumain. La jeune
fille a disparu et je n'ai plus face à moi, que son immense bouche et ses
énormes yeux. Je prends doublement conscience que la scène est absolument
insupportable mais que rien de tout ceci n'est vrai. je tiens bon jusqu'à ce
que je me retrouve dans son oeil et vois la scène qu'elle perçoit. Mais au
lieu de me voir, moi alex, l'oeil de la jeune fille perçoit un groupe
d'assassins aux visages épouvantables. C'est un groupe de bûcherons des
Vosges qui s'apparentent aux tortionnaires du film "Délivrance". Je
reconnais les coupables d'un meurtre atroce, peut-être la soeur de la
jeune fille.
Dans l'angle de mon champ de vision, leur jeune frère rigole hideusement.
Il s'agit d'une sorte "d'éléphant-man" en pire. Ils se mettent tous à
rigoler de la même manière. Je me dis que je descends dans les
profondeurs de l'horreur humaine et que je ne peux rien trouver ici,
que je dois changer de rêve.
Aussitôt, la scène cesse et je me trouve face à Hercule Poirot:
-"vous êtes soupçonné du meurtre de "?" (j'ai oublié le nom).
Je m'indigne -"Voyons, c'est impossible, je suis le rêveur, un témoin passif
et ne peut être un éventuel coupable".
-"Pour Hercule Poirot, il n'y a que des coupables potentiels" et il me passe
les menottes. Je m'aperçois que je savais déjà que la scène allait se
dérouler ainsi. Je constate que les menottes n'ont pas d'existence
matérielle et pense qu'il faut que je me sorte de là car ce rêve a une suite
logique qui me conduit dans le scénario classique d'un film à suspense. Je
m'aperçois que je ne maîtrise pas assez l'aspect lucide et que constamment
je redeviens pur sujet du rêve.
ça y est me voilà sorti de ce terrible cauchemar. Je suis assis au bord
d'une rivière dans de l'herbe grasse. Je constate que bizarrement
nous sommes en été et que les multiples inconvénients du type moustiques,
taons, sirex et autres sont absents. "Bien sûr, il s'agit d'un décors de
rêve, mais pourquoi puis-je sentir cette odeur de vase?". Me trouvant très
bien dans ce vert paysage je décide d'y rester un peu et d'y faire venir ma
compagne. Je lui explique l'échec de mon rêve précédent et le plaisir que
j'ai a me trouver dans celui-ci. Elle rigole et je comprends qu'elle est un
personnage de rêve. Après, la suite à moins d'intérêt car j'ai perdu ma
lucidité.