Réalités Oniriques

Un récit personnel d'exploration du rêve lucide

par Alan Worsley

J'ai été profondément curieux de la nature de la réalité, aussi loin que je puisse me rappeler. Lorsque j'étais enfant, j'ai découvert que les rêves n'étaient pas uniquement un phénomène qui pouvait être reconnu comme tel seulement après le réveil, mais que l'on pouvait réaliser que l'on rêvait durant le rêve. L'on pouvait alors agir de manière plus appropriée dans cet étrange monde alternatif.
La lucidité donne au rêve une dimension supplémentaire. Pour moi, paradoxalement, la lucidité fait que le monde des rêves ressemble davantage à un endroit réel, bien que je sache plus clairement qu'il s'agit d'un rêve. Dans mon expérience, une conscience accrue signifie un accès immédiat à une information plus intégrée. Il en résulte une expérience plus riche, que l'on soit dans un monde de rêves ou dans le monde physique de la veille. La lucidité onirique permet des développements plus sophistiqués, qui peuvent conduire un rêve dans de nouveaux domaines.
Si le rêve lucide et des phénomènes expérientiels similaires comme les sorties-hors du corps (OBEs) et soi-disant "projections astrales" étaient rendus plus accessibles, ils pourraient être crédités d'une réalité comparable à la réalité objective, en terme de signification. Peut-être que ce qui apparaît comme étant un unique monde objectif n'a pas besoin d'être unique comme nous le croyons communément et ne devrait pas dominer notre concept de ce que doit être un monde "réel". Des dimensions alternatives pourraient peut-être être développées en de nouveaux mondes stables, pour une récréation sûre, propre, privée et ne coûtant rien ? La version actuelle des choses, la façon dont nous existons maintenant, résulte seulement de l'évolution. Notre façon de partager nos mondes en 'réel' et 'non réel' est biaisée par des besoins de survie. Mais, l'abondance matérielle venant, nous pouvons accroître notre horizon existentiel.
Un exemple de la façon dont des mondes sensoriels artificiels pourraient être accueillis est fourni par l'enthousiasme suscité par la réalité virtuelle générée par ordinateur, que l'on prend maintenant très sérieusement comme un outil valable pour la recherche, l'éducation et le jeu. Il est maintenant clair qu'il existe d'autres façons d'être.
Mais si nous commençons à concevoir une réalité plus malléable, nous pourrions nous demander en premier lieu : "Quelles caractéristiques devrait-elle avoir et lesquelles sont possibles?"
La vie de veille et les mondes virtuels ont tous deux des aspects réels et fictifs. L'art dramatique, le théâtre, les films, la réalité virtuelle, les hallucinations, les mythes, les rêves, les rumeurs, se confondent. Des histoires peuvent être créées, mais manquer d'impact sensoriel. La vie réelle, quoique vivante, est dure à contrôler. Les rêves lucides pourraient-ils offrir le meilleur des deux ? Nous pourrions les "façonner plus proches du désir de notre coeur". Ou est-il plus vraisemblable que le développement des techniques du rêve lucide conduise au genre de désastre que dépeint le film "La Planète Interdite"?
Quand enfant j'ai commencé à faire des expériences de rêves lucides, je considérais mes tentatives de contrôler les rêves comme une extension naturelle des activités du rêve normal où, selon la situation, on choisit faire une chose ou une autre, comme il semble approprié. Je partage encore ce point de vue. Je ne crois pas qu'il existe une ligne de démarcation aigue entre le fait de faire des choix dans les rêves normaux, avec ou sans lucidité, et la sorte de sur-contrôle que quelques critiques de l'orientation onirique considèrent comme inapproprié et caractéristique des "lubies de contrôle qui vivent dans l'ego". (Robert Moss dans son livre "Le rêve lucide". 1996)
Il semblerait que la meilleure façon de conduire le rêve soit de se tenir entre un contrôle serré et un faible contrôle. Par exemple on pourrait sélectionner le sujet général du rêve en soulignant quelques préférences et laisser aux processus de création du rêve le soin d'en sortir quelque chose. Cependant, comme je n'ai pas encore expérimenté des rêves guidés par un programme détaillé, je suspens mon jugement pour l'instant.
Quand j'ai lu " Les Rêves et les moyens de les diriger" d'Hervey de Saint Denys (Edition anglaise du Dr Morton Schatzman 1980) j'étais excité par le fait que c'était la base d'une sorte alternative de réalité virtuelle contrôlée, inexploitée depuis sa première publication en 1867. J'ai expérimenté diverses formes de stimulation externe durant le rêve avec des résultats variés. Il semble y avoir un effet mais savoir exactement comment il se manifestera est relativement imprévisible. Les stimuli peuvent subir une distorsion durant l'incorporation à la scène de rêve. Les associations suscitées, par exemple des personnages de rêve, peuvent ne pas être celles que l'on a visées, comme une scène particulière. Une technique explorée par D'Hervey de St Denys a été d'employer des parfums associés à certains lieux pour produire des rêves de ces lieux. C'est une technique puissante parce que le sens de l'odorat a un lien direct au cerveau. Les sensations d'origine chimique nous donnent des informations sur lesquelles nous pouvons généralement compter. Si vous pouvez le sentir, c'est que ça doit être là. Ses expériences étaient simples en comparaison des élaborations concevables avec sa technique. A l'avenir, des stimuli associés avec diverses situations, objets et personnes, pourraient être arrangés pour survenir dans une séquence. Les changements physiologiques associés avec les réponses psychologiques visées pourraient déclencher le stimulus suivant. On peut même envisager une forme de rêve synchronisé partagé par ces moyens et engageant dans une interaction simultanée un autre rêveur éloigné via Internet.
D'Hervey de Saint Denys ne semble pas indiquer très clairement dans ses compte-rendus s'il était lucide ou non durant ses rêves dirigés. Cependant, comme il était tellement concerné par le fait d'être conscient en rêve, on peut supposer qu'il était lucide durant les rêves suscités par stimulation externe. On aurait certes aimé qu'il en dise plus sur la sastifaction que lui apportaient ces rêves. Il est clair qu'il y prenait du plaisir, mais était-ce en se mettant à y croire, comme on fait lorsqu'on regarde un film, au lieu de penser "C'est juste un film et donc ce n'est pas la peine de le regarder", ou appréciait-il simplement les sensations et les situations tout en sachant fort bien qu'il s'agissait d'une complète illusion ?
Bien que le fait de diriger ses rêves soit un champ d'études prometteur, je pense qu'il y a beaucoup à dire concernant les rêves au contenu spontané, plus que sur les rêves programmés avec force détails. Je trouve qu'il y a dans les rêves spontanés une authentique qualité de l'imprévisible, qui procure des surprises sans fin. Pour mieux découvrir ce qui était possible, j'avais besoin de mener quelques recherches. Des anecdotes comme celles rapportées dans le livre de Celia Green "Les rêves lucides" en 1968 étaient un point de départ utile, mais je sentais le besoin de mener une étude plus approfondie du rêve lucide.
Mes premières expérimentations ont commencé simplement. L'une des aires de ma propre réalité personnelle interne que j'ai explorées est la réalité "physique" du rêve. Quelle est la solidité du mobilier de rêve ?
J'ai essayé de pousser ma main dans divers objets tels qu'un dessus de table. Bien qu'il puisse y avoir un retard avant que quelque chose n'arrive, je me suis aperçu que ma main pénétrait habituellement la table après environ une seconde. Comment est-ce que ma main apparaîtrait après avoir pénétré un objet dur ?
Dans la vie de veille, pousser avec une force suffisante pour faire pénétrer sa main dans du bois cause des blessures. Comme je n'ai jamais senti ni prévu aucune douleur durant cette expérience de pénétration, je ne m'attendais pas à voir de dommage sur ma main. Sachant que je rêvais, j'étais confiant qu'il ne m'arriverait rien. Et en fait je n'ai jamais éprouvé aucune douleur. J'étais curieux de voir à quoi ressemblerait ma main lorsqu'elle serait passée à travers un objet. Il m'est apparu que je serais capable de voir n'importe quel dommage spontanément dépeint par les processus générant l'imagerie de rêve si je poussais ma main à travers du verre translucide. Je me suis souvenu de faire cette expérience lorsque j'ai eu un rêve dans lequel il m'était facile d'atteindre un pare-brise de voiture. J'ai poussé les bouts de mes doigts dans le verre et après un retard d'environ une seconde mes doigts ont commencé à passer à travers. C'était comme si le verre leur faisait un chemin en sorte qu'à tout moment ma main s'ajustait parfaitement au trou qu'elle faisait dans le verre. La résistance à la pénétration était caractéristique de ce que les ingénieurs appellent un frottement, ne glissant ni ne requérant une grande force mais offrant une résistance ou "traînée" stable. Après que ma main avait pénétré le pare-brise, je pouvais la voir de l'autre côté. Elle paraissait indemne. Ensuite j'ai ressorti ma main et de nouveau, je n'ai pas ressenti d'inconfort ni vu de dommages. Je n'étais pas surpris de ce résultat. Avant de faire cette expérience, je me sentais neutre concernant l'aboutissement, donc je n'étais ni craintif ni confiant concernant ma sécurité.


Modifier les lois et les constantes physiques.
Etre capable de modifier la consistance de la matière dans les rêves juste en imaginant que c'est comme ça est seulement un exemple de la modification de caractéristiques de rêves qui sont des constantes dans la vie de veille. La gravité en est une. Je trouve maintenant qu'il est facile de léviter ou de voler dans les rêves mais cela n'a pas toujours été si facile.
Enfant, j'avais des rêves de vol spontanés, mais initier un vol délibérément depuis la station debout peut être difficile. De puissantes habitudes et croyances entrent en jeu. À part le manque de familiarité avec l'idée que l'on peut être capable de voler il y a aussi la question de savoir juqu'à quelle hauteur on pourrait monter sans danger. Tout ce qui dépassait environ trois mètres serait probablement ressenti comme dangereux, même en se sachant rêver.
Le problème le plus important est habituellement le décollage. Il m'est apparu qu'on pourrait éprouver de la difficulté à décoller du sol pour voler dans des rêves parce que, comme dans la vie de veille, se savoir debout sur le sol pourrait réactiver constamment une boucle physiologique entretenant l'idée qu'on est verrouillé au sol par la gravité. Peut-être que l'on pourrait briser cette boucle en sautant en l'air et par là perdre l'imagerie associée à la pression sur les pieds. Je me suis aperçu que cette technique fonctionnait même si le saut est seulement une affaire de centimètres. C'est utile à savoir car parfois, lorsqu'on n'est pas sûr qu'on rêve, on peut, comme test de réalité, oser faire un petit saut discret parce qu'il est moins vraisemblable que ce soit remarqué qu'un bond. Dans un environnement social convenable où de telles excentricités pourraient être désapprouvées, un bond en l'air pourrait générer, de la part des personnages de rêves des réactions susceptibles de créer une distraction, bien que l'on soit conscient de rêver.
J'ai aussi expérimenté le fait de changer la constance de mon image physique en rêve. On peut atteindre un degré surprenant d'outrepassement. J'ai réussi à modifier la longueur de mes membres et mêmes à m'ajouter des membres supplémentaires, tentacules, cornes, fleurs et flammes jaillissant de mes doigts. De même qu'avec les expériences de pénétration de la matière, je me suis aperçu qu'il y avait habituellement un léger délai, un peu comme si le générateur d'image disait "es-tu sûr ?" avant que les effets ne se manifestent.
J'ai remarqué un retard similaire entre l'acte d'allumer une lumière de rêve, et la venue de la lumière. La raison pour laquelle les autres observateurs de rêve pensent que les lumières de rêves ne marchent pas et que j'ai proposée dans 'Conscious Mind, Sleeping Body' (édité par S. LaBerge and Jayne Gackenbach, Plenum 1988), est que l'imagerie est lente à répondre, et non pas que les rêves de lumières ne marchent pas. Il y a un délai avant que l'effet attendu ne se manifeste. Généralement, les lumières électriques de l'état de veille s'allument instantanément. Et si cela n'arrive pas comme ça, nous avons tôt fait de conclure qu'il y a un défaut. Dans les rêves cette même croyance modifie probablement notre attente en ce qui concerne la génération d'images visuelles. Si on attend que la lumière vienne de la façon dont on l'imagine, on cesse d'y croire durant le délai, et comme l'imagerie de rêve est très influencée par l'attente que l'on en a, on n'attend plus d'imagerie lumineuse, et la lumière ne vient jamais.
Si, au lieu d'adopter cette vision pessimiste de manière aussi précipitée et d'adhérer à la séquence normale des attentes de la vie de veille, le rêveur se prépare à attendre un moment, alors l'effet visé peut apparaître. J'ai remarqué que si je considère les lumières de rêve comme naturellement lentes à changer, comme l'aube, elles apparaîtront souvent, même à partir de la complète obscurité (ou, plus exactement, d'une complète absence d'imagerie visuelle), et deviendront continuement plus lumineuses, en quelques secondes.
De la même façon, on peut éviter d'autres difficultés dans la gestion du rêve en adoptant un vision plus appropriée de la façon dont les choses fonctionnent en rêve. Si les commutateurs de rêve sont imaginés comme des commutateurs graduels ou comme des lampes à pétrole avec des mèches qui peuvent être tournées vers le haut, l'effet attendu sera graduel. L'incompatibilité sera moindre entre les limites de la génération d'imagerie onirique et les réponses habituelles aux technologies les plus communes de la vie de veille. Et les progrès dans l'acquisition d'utiles techniques de rêve seront plus réguliers.
Evoluant du développement des techniques de base à leur utilisation, j'ai exploré les façons de voyager à un endroit spécifique pour trouver ce que je voulais. Je me suis aperçu qu'essayer de voyager par des moyens normaux de la vie de veille, comme la voiture, tend à être difficile. Il peut s'avérer compliqué de trouver rapidement une voiture utilisable et le stop est peu fiable. Même le fait de voler avait ses problèmes. Je soupçonnais que, d'au-dessus, par suite du manque de stabilité de la vue, les lieux se modifieraient. Il était facile de se retrouver perdu.
J'ai également testé une tecghnique importée directement des ordinateurs et de la réalité virtuelle appelée "Point and Go". Vous pointez votre doigt, réel ou virtuel, dans la direction où vous voulez aller, et alors vous dites avec confiancve "Allez !". Cela marchait bien, même quand j'indiquais une direction au-dessus.
Alors j'ai découvert des techniques de voyage direct évitant les endroits intermédiaires. C'était simple. Je fermais les yeux en imaginant où je voulais aller, et si j'avais imaginé clairement, je me retrouvais là.
Souvent, le but de voyage était d'aller quelque part où j'espérais trouver un ami, généralement une femme. Ou, après l'avoir trouvée, la tenir loin des distractions. Même dans un rêve lucide où l'on peut se dire que cela n'a pas d'importance, la présence d'autres personnes en ces occasions dissipaient ma concentration.
En de nombreuses occasions, je n'étais pas très lucide et je ne m'apercevais pas que j'étais en un certain sens, en train de gaspiller mon temps. Les rencontres romantiques m'excitaient souvent tellement que je me réveillais et perdais mon rêve. Toute pratique consistant à prendre des décisions et engager des actions sachant que l'on rêve est valable mais lorsque j'étais correctement lucide je me rappelais habituellement que j'emploierais mieux mon temps à faire des expériences sur la psychologie du rêve. Mais il y avait d'autres problèmes.
J'ai commencé à considérer la question entière du statut et de la valeur des expériences dans lesquelles j'avais une relation avec un personnage de rêve. Que faisais-je ? Quelle genre de validité avaient ces créatures ? Quel respect devais-je leur témoigner ? Quand ils arrivaient spontanément sans mon invitation consciente, j'étais probablement encore en train de les créer quelque part dans mon esprit. Un rêvasserie brumeuse est une chose, mais interagir avec une réplique multi-sensorielle dans le monde virtuel du rêve pouvait se comparer à la fréquentation d'une poupée-gonflable robot. La vision implique un certain degré de détachement. Dans mon expérience, les rêves incluant un contenu tactile me semblent ultra-réels. C'est peut-être parce que le sens du toucher est si rarement simulé dans la vie de veille. Parfois, dans des rêves "obscurs", il existe seulement des sensations kinesthésiques. Conséquemment il y a le sens d'un contact proche immédiat avec un environnement matériel, ce qui est moins évidents dans les rêves où la scène est vue à distance.
Mais y a-t-il une différence importante entre une réplique physique convaincante et une autre qui est purement virtuelle ? Mon enthousiasme pour de simple fantômes n'était-il pas plutôt naïf ? Dans le monde de la veille, à un extrême, des poupées gonflables sont, on le comprend, sans doute regardées comme une triste plaisanterie, mais supposons qu'elles soient vraiment réalistes, et qu'il soit impossible de les distinguer d'êtres réels, avec d'intrigantes nuances comportementales. (Comme, par exemple, sur l'holodeck dans 'Star Trek'.) Est-ce que d'exacts portraits animés justifient leur rôle ?


Aspects de l'authenticité : la provenance.
Dans le film de Tarkovsky, 'Solaris', les "hôtes", des répliques androïdes, étaient dépeints commes totalement réalistes. Mais ils n'avaient pas de provenance. Il n'y avait aucune explication conventionnelle concernant l'endroit d'où ils venaient. L'hôte simulant Hari, la petite amie intelligente du psychologue, dont l'originale, de retour sur terre, s'était suicidée, a réalisé qu'elle n'était pas ce qu'elle croyait être au début. Bien qu'identique à la Hari réelle, il n'y avait aucune explication satisfaisante à sa présence sur la station spatiale. Elle réalise qu'elle doit être une réplique. Suit une scène poigante. De désespoir, elle essaie de se tuer avec de l'oxygène liquide. Mais ces hôtes, comme les personnages de rêve, se remettent miraculeusement de tout dommage. Une fois dégelée et ressuscitée, elle réalise de nouveau qu'elle n'a pas l'authenticité requise pour que son amant la reconnaissance comme une personne réelle. Elle veut être la vraie Hari. Tout en s'approchant, elle dit "Est-ce moi ?" et alors, angoissée, "ce n'est pas moi !". Cependant le psychologue lui déclare son amour, disant qu'elle est plus importante pour lui que toutes les vérités scientifiques de l'univers. Un membre de l'équipage plus cynique lui conseille de ne pas transformer une expérience scientifique en histoire d'alcôve.
J'ai réfléchi aux événements décrits dans 'Solaris'. Après tout, est-ce qu'une simulation miraculeuse, que ce soit dans un monde de rêve ou dans une réalité virtuelle, n'est finalement pas une si bonne chose ? Comment ferais-je la relation entre une copie de celle que j'ai aimée et l'original morte ? Lui ferais-je bon accueil ou sentirais-je que même une parfaite copie ne remplacerait jamais celle qui est morte ? Y a-t-il quelque chose d'inconvenant, d'indélicat, ou d'irrespectueux à faire revivre les morts sous forme de répliques ? Est-ce une marque déplorable d'insensibilité que de regarder la vidéo d'une personne morte, ou même d'une personne qui a simplement changé
par rapport à ce qu'elle était quand la vidéo a été prise et préfèrerait que personne ne la regarde plus ?
Si la technologie nécessaire existait, il pourrait sembler acceptable de se débrouiller pour profiter de la présence d'un ancien ami, un jour ensoleillé, de s'asseoir ensemble dans le jardin, de boire un verre de vin, et d'écouter ses histoires drôles. Mais il semble un peu tyrannique de le faire, quoique bien naturel, sur une fantaisie, imaginant que peut-être il aimerait de nouveau être vivant pour quelques heures, jusqu'à ce que l'on décide qu'il serait temps de faire autre chose, d'appuyer sur "annuler", et de le renvoyer, comme un esclave obéissant, dans le cabine de dématérialisation.
En ce qui concerne les rêves, ces étranges préoccupations peuvent être écartées si l'on est persuadé que le rêve lucide est "juste un peu d'amusement", une expression parfois employée pour glisser sur un comportement contestable. Mais, pourrait-on encore demander, "quel est le statut des personnages de rêve que l'on appelle dans des buts récréatifs, une conversation, une partie de tennis, ou une danse" ? Est il acceptable de les considérer plutôt comme des poupées, qui pourraient être déconnectées et remises dans la boîte lorsqu'on en est fatigué ? Est-ce la manière de cultiver un sens approprié de la réalité? Dans l'intérêt d'une bonne hygiène mentale, les rêveurs devraient-ils maintenir les bonnes manières qu'en dehors de leur considération pour les autres, ils appliqueraient à l'état de veille ? S'ils ne le faisaient pas, cette croyance accidentelle pourrait devenir une habitude qui pourrait se propager dans la vie de veille.
La technologie n'est pas si développée que nous devions nous préoccuper de ces questions, excepté de manière hypothétique. Jusqu'ici, ce scénario est une fantaisie mais on commence à en faire des approximations plus proches. L'animation de réalités virtuelles par ordinateur et les suites de données commencent déjà à se mêler à ce point qu'il sera bientôt possible, par exemple, d'interagir avec une représentation visuelle réaliste de sa personne préférée, réelle ou fictive, dans un environnement de réalité virtuelle, et de la faire se comporter comme on voudrait.

Pendant ce temps que faisons-nous dans les rêves ? Est-ce que le fait que les rêves soient perçus comme répondant à la volonté humaine en altère le degré de réalité ? Cette question devient aiguë lorsqu'il s'agit des personnages de rêve. Devrions-nous les traiter comme des êtres humains ? Même s'ils ne sont pas humains, il pourrait être approprié de les traiter comme tels afin que le rêve atteigne son objectif. Si nous ne jouons pas le jeu, ne remplissons pas nos rôles et ne créditons pas les personnages simulés d'une réalité authentique, nous ne devons pas être surpris si la réalité du rêve s'effondre et si le rêve devient ineffectif. Je crois que les caractères virtuels des rêves n'ont pas d'esprit qui leur soit propre. Il n'y a aucune personne qui se sente insultée si son "existence", telle qu'elle est, est, par exemple, "terminée" par le rêveur. Mais, si le rêve est lucide et que le rêveur évoque délibérément des personnages avec lequels il peut faire ce qu'il veut, cela ne tendra-t-il pas à le rendre arrogant et insensible, se repaissant dans son propre pouvoir ? Quelle consistance devons-nous donner aux sentiments d'autrui ? Peut-être que pour nous aider à conserver notre propre intégrité morale, nous devrions encore être prévenants, mêmes quand les 'gens' auquels nous sommes reliés ne sont pas réels.


Comment ces considérations se relient à la sensation de réalité dans le rêve ?
En général, lorsque nous rencontrons des images animées, elles peuvent être celles d'entités intelligentes ou être juste des représentations idiotes. Où se situent les personngaes de rêve, dans cet espace à plusieurs dimensions ? Dans mon expérience, ils semblent plutôt être idiots mais comme c'est moi qui les crée, je peux difficilement les en blâmer. Encore que dans une perspective de réalisme, il peut être légitime d'être pressant ou irrité s'ils ne répondent pas. Doivent-ils être toujours crédités d'intelligence comme s'ils étaient des entités autonomes et indépendantes ? Afin de servir les buts du rêve, il pourrait être nécessaire pour nous de traiter ce qui peuvent n'être que de simples images idiotes comme des gens vivants. Quand on répète pour une pièce ou une interview, c'est exactement ce qu'on fait. Mais quand nous sommes éveillés, nous savons ce que nous faisons. Le faire sans y penser dans les rêves pourrait donner aux personnages de rêve plus de crédibilité qui n'est approprié.
Mon impression sur la façon dont les rêveurs traitent les personnages de rêve est qu'en général ils les prennent au sérieux. Cela pourrait être une partie de la crédulité générale qui a cours dans les rêves mais cela pourrait aussi être une approche globale prudente.
Pour comparer avec des personnages de rêve, considérons le cas de robots intelligents. S'ils sont simplement employés comme des serviteurs capables d'apprendre plutôt que comme des entités avec lesquelles nous pourrions avoir une relation, ce n'est pas tant un problème. Mais s'ils sont assez bons pour agir comme substituts de soi, comme dans l'histoire de Ray Bradbury, où l'homme laisse sa femme avec une copie robot de lui et s'en va commencer une nouvelle vie ailleurs, alors que penser ? Dans l'histoire, la femme fait la même chose, les deux robots restent ensemble et personne ne réalise ce qui s'est passé. Mais même si la provenance de caractères simulés est apparemment résolue, il y a encore un autre problème.
Les personnages de rêve lucide ou de réalité virtuelle ne présentent pas le caractère de solide authenticité qui vient avec la présence physique. Les riches chasseurs de grand gibier n'iraient pas dans un centre de réalité virtuelle pour continuer leur sport cruel quel que soit le degré de résolution des images. Ils vont en safari, même s'il existe la présence commode d'un jeu. Et je ne peux pas imaginer les chasseurs de renard anglais accepter une quelconque forme de simulation pour remplacer la chose réelle. Galoper dans les champs givrés par un matin lumineux ne serait pas la même chose si vous saviez que vous n'êtes pas réellement en train de le faire. Pour moi il y a une étrangeté déconcertante à ressentir un corps qui n'est pas là même si on peut temporairement oublier sa qualité virtuelle. Mais il y a des exemples qui suggèrent que, mêmes sans un corps réel, les simulations peuvent être très bonnes. Dans son livre "L'histoire de Ruth", le Dr Morton Schatzman décrit comment sa patiente, Ruth, a éprouvé involontairement des apparitions animées de son père, avec des détails multi-sensoriels et convaincants, bien qu'elle sache qu'il était à des milliers de miles.
Sous le direction du Dr Schatzman, Ruth a appris à contrôler son talent pour créer des apparitions. Elle a appris à les créer volontairement. Quand son époux était loin elle était capable d'avoir des relations satisfaisantes avec ses apparitions. On pourrait se demander si des relations à ce degré de fidélité sensorielle posent des problèmes de fidélité conjugale. Si elle avait évoqué l'apparition d'un amant, dans quelle mesure cela serait-il différent d'une relation avec une autre forme d'entité animé, réelle ou virtuelle ?
Mon propos, quand je donne ces exemples en relation avec l'authenticité et la crédibilité de la réalité onirique est le suivant : dans des rêves j'ai éprouvé de nombreuses situations dans lesquelles je pouvais faire des choses telles que passer à travers les murs sans résistance ou découper des morceaux de pieds de piano comme si c'était du beurre. Je me demande si cette irréalité a changé mon appréciation générale du monde de rêve, si bien que je ne pourrais plus l'éprouver comme aussi totalement réel. Si l'on peut échapper aisément aux situations dangereuses, alors elles n'ont plus le même impact. Et si le rêve était de ce genre que certaines autorités en la matière considèrent comme remplissant une fonction psychique importante, alors mon interférence pourrait rendre cette fonction inopérante.
Il semble qu'il pourrait y avoir un arrangement entre la crédibilité, le réalisme, et l'authenticité, d'une part, et la compréhension du moyen, la capacité à guider non seulement ses propres actions mais aussi celle des autres et de la scène telle qu'elle survient, d'autre part. Plus on comprend comment guider l'imagerie, moins on la ressent comme autonome, et plus on a le sentiment que ce n'est pas "réel", mais que cela se trouve sous un contrôle propre. On peut le comparer à la futilité d'un auto-chatouillement. Le chatouillement est habituellement plus efficace si quelqu' un d'autre le fait.
Dans des rêves lucides la connaissance du fait que c'est un rêve réduit aussitôt l'anxiété si, par exemple, on rêve qu'on tombe ou qu'on est attaqué par un lion. Par contre je ne suis pas sûr que je choisirais de ne pas le savoir pour en obtenir le plein effet parce que je ne suis pas sûr du 'je' qui en obtiendrait tout l'effet. Si je ne suis pas complètement présent, cela pourrait ressembler au fait d'apprécier quelque chose en étant drogué. Etre pleinement vigilant et connaître sa véritable situation sont deux choses distinctes. On peut être intelligent et ignorant simultanément. Et il semble étrange, voire malsain même, de désirer accroître une crédulité. Cela peut aider à apprécier les films et les pièces mais on pourrait se demander "qui regarde si le spectateur est perdu dans son imagination" ? Est-ce que le fait d'être devenu susceptible de croire à la réalité d'un film transforme une personne en zombie et en consommateur complaisant ? Si l'on n'est pas lucide dans son propre rêve, des options de gestion peuvent se perdre et l'on peut sombrer dans une incompétence embrouillée.
Que le réalisme soit bon ou mauvais, la question survient, "quelle valeur doit-on accorder à ces expériences ?" Il semble relativement juste d'avoir des rêves lucides dans des buts récréatifs et pour étudier le fonctionnement du cerveau et de l'esprit. Mais devons-nous considérer les rêves comme "valides" dans le même sens que beaucoup de gens regardent la vie de veille ? L'art et la musique et beaucoup d'activités de recherche sont considérées comme ayant une valeur dans la vie de veille, pourquoi pas les rêves ? La réponse est peut-être qu'il est difficile de partager des rêves. Mais il peut être également difficile de partager l'appréciation de l'art ou de la science.
Ma réponse actuelle aux réserves exprimées quant au respect pour les personnages de rêve est que les rêves peuvent être considérés comme une forme de jeu dans lequel il vaut mieux traiter avec respect les personnages de rêve qui nous sont présentés, mais qu'il n'y a pas de problème à traiter ceux que nous appelons comme bon nous semble. Ce pourrait être une bonne chose d'adopter la même approche dans la vie en général et de traiter toutes les entités avec respect, pour la sauvegarde de notre santé spirituelle propre.
Quand j'étais enfant je pensais je connaissais quelques petites choses, le Père Noël, Dieu, le Paradis, et qu'il était sensé de penser que ce que je ferais aujourd'hui serait puni ou récompensé demain. Les gens en qui j'avais confiance me parlaient spécifiquement du Père-Noël. Le détails sur Dieu et le Paradis venaient ensuite. On m'enseignait la gratification différée : "Sois certain que tous tes péchés te démasqueront". Graduellement j'ai commencé à m'interroger sur ces choses et à l'âge de cinq ans j'avais reconnu les aptitudes logistiques impossibles du Père Noël. Vers mes dix ans j'ai développé des doutes au sujet de Dieu et du Paradis. Mais maintenant j'ai des doutes concernant d'autres soucis qui, bien que plus difficiles à appréhender pourraient être plus sérieux. Je doute que demain existe.
C'est aux alentours de la vingtaine que j'ai commencé à articuler mes doutes concernant le système de croyances dans lequel j'avais été formé et qui énonçait que je serais essentiellement la même personne année après année. Comme je grandissais, ce précepte fondamental qu'il est sensé pour la version actuelle de se préparer à son avenir lointain n'était jamais énoncé explicitement. J'étais continuellement et subtilement impliqué dans de nombreuses interactions quotidiennes entraînant des notions de responsabilité, de récompense et punition, de plans, et, plus important, la récompense ultime - aller au Paradis. La supposition où j'étais conduit était, je le réalise maintenant, que, bien qu'on grandisse, qu'on change et mûrisse, on pouvait compter sur un soi, supposé unique et endossant notre identité, pour persister depuis l'enfance jusqu'à la vie éternelle au Paradis. Il n'était pas difficile de faire cette supposition parce que 'je', dont je questionne maintenant le statut, se rappelait et reconnaissait l'endroit où j'étais chaque jour quand je me réveillais. 'Je' se rappelait de mon corps, identique chaque jour. Je m'identifiais avec les soucis que 'je' avait eus la veille. La biologie et culture travaillait de concert pour m'assurer, - au cas où j'aurais jamais pensé à m'interroger - que cette façon de penser était sensée. Mais parce qu'elle n'était pas spécifiquement énoncée, je ne remarquais pas que j'absorbais cette idée. Aucune exigence n'avait été posée, il n'y avait donc rien à discuter. L'idée, que le même moi existerait demain pour être récompensé d'une chose que j'ai faite aujourd'hui ou puni pour une chose faite hier, est devenue une partie de moi. J'ai maintenant une impression, comme si on m'avait joué un tour astucieux là où par exemple, en relation avec la punition, les habituelles règles de cause et d'effet avaient été contredites.
En physique, la cause est normalement considérée comme précédant l'effet. Mais en matière de loi, quand la responsabilité d'un certain acte est déterminée, la personne qui a prétendument commis l'acte dans le passé, et qui est sûrement un produit, un effet, de la situation entière dans laquelle l'acte est survenu, est, étrangement, je le sens maintenant, considérée comme étant partiellement la cause de l'effet. Il semble encore plus étrange que je n'aie pas remarqué pendant si longtemps comment la responsabilité était attribuée. Je présume que j'avais dû absorber l'idée de continuité si profondément que, bien que capable d'une pensée claire, le caractère illogique
de cette convention d'attribution de responsabilité avait dû être 'rationalisé' dans l'intérêt de minimiser la dissonance cognitive.
Recevoir des récompenses pour les efforts d'un ancien moi n'était pas tellement un problème. Il y avait peu de raisons de protester. Les récompenses étaient toujours bien acceptées, que le moi actuel les mérite ou non.
Maintenant il me semble que chaque jour nous nous réveillons comme des nouvelles versions distinctes de la même personne que nous étions le jour d'avant. Comme une bougie rallumée, la flamme est la même, mais la discontinuité indique qu'elle est distincte de la flamme précédente.
Intellectuellement, je peux accepter que l'idée que nous survivrons à notre sommeil et que nous serons encore ici demain est une illusion subtile. Emotionnelle-ment, je trouve cela dur à croire. L'influence de mon éducation est encore forte. Je ne suggère pas que demain n'existera pour personne, mais qu'en un sens important, il n'y a pas de demain pour les individus conscients que nous sommes en ce moment. Cela peut sembler évident à celui qui est sophistiqué philosophiquement, ou à ceux qui ont une intuition aiguë de la nature des choses. La chanson "St Germain des Prés" comporte le vers "Je ne serai pas moi et tu ne seras pas toi". Pour moi cela signifie que les gens changent et ce que ce qui a été à un moment une belle relation peut se terminer irrévocablement. Mais peut-être que c'est plus normal que ce que nous pensons. Si nous sommes en effet de nouvelles personnes chaque jour, alors peut-être ne devrions-nous pas nous accrocher à nos anciens sois mais adopter l'attitude exprimée par 'The Incredible String Band' en 1970 dans la chanson 'This Moment''. Ils chantent d'abord : "Chaque moment est différent de tous ceux d'avant, c'est maintenant, et si je ne t'embrasse pas, ce baiser ne sera pas goûté et je ne l'aurai jamais plus", puis : "Mais pourquoi devrais-je vouloir cela ? Je serai dans le moment suivant". Cela sonne comme la parole du Christ, "A chaque jour suffit sa peine".
Ma raison pour introduire le sujet de la continuité d'identité ici est que les problèmes qu'il entraîne sont si fondamentaux qu'ils ont des implications pour tout ce que nous faisons, le rêve inclus.
Il est normal de croire qu'on a une identité qui persiste au sommeil. L'évidence, posée simplement, semble être que quand vous vous réveillez, vous êtes alors apparemment la même personne vous étiez auparavant. Quand les autres sont réveillés, ils sont là, demandant "quelle heure est-il ?" et "qu' est-ce que tu veux?" comme s'ils avaient été là tout le temps. Il n'y a habituellement pas de mauvaise conséquence pratique à croire cela. En fait il est socialement utile de donner une cohérence à ce qui pourrait autrement être une série de sois déconnectés dont aucun ne doit rien aux autres. Mais l'évidence supposée est semblable à celle que l'on considère comme suffisante pour croire qu'on a un soi continu quand on est éveillé : quand vous vous regardez, vous êtes toujours là.
Un tel défaut de raisonnement est souvent appliqué au rêve. Une réponse compréhensible mais naïve à la question de savoir si les scènes de rêve se prolongent derrière le rêveur, où il ne peut pas voir est que, "il peut regarder". La question implique apparemment une hypothèse testable, et jusqu'ici, scientifique. Il est compréhensible de supposer que demander ce qui se trouve hors de notre vision dans le rêve a autant de sens que la même question dans la vie de veille. C'est sûr, tout ce que vous avez à faire, c'est de regarder derrière, et vous verrez tout ce qui était là. Mais il y a un problème. Dans les rêves, contrairement à la vie de veille, c'est le regard qui génère la scène.
Mais si c'est le regard qui crée la nouvelle scène de rêve, plutôt que de révéler une scène qui était déjà là, alors la question doit être réexaminée. La réalité de rêves et la réalité de la continuité personnelle semblent toutes deux avoir une qualité transitoire. Comme le bruit de l'arbre qui tombe dans la forêt, ces choses existent seulement si quelqu' un les perçoit.
Si l'attente du rêveur est qu'il y a un "derrière" qui existe déjà, alors la pensée agit comme un moyen pour déclencher la génération de l'imagerie attendue quand le rêveur se retourne pour regarder. Selon ce qu'il attend, il y a beaucoup de possibilités. Il n'y a pas une seule chose, et donc il n'est pas exact de dire que la vue arrière existe déjà dans des rêves, quelle que soit la façon dont on l'envisage, sauf à dire qu'il existe une gamme de scènes possibles, ayant divers degrés d'aisance d'évocation. Mon souci de continuité d'identité, qui dérivait à l'origine partiellement de mon expérience de rêve lucide, ne consistait pas seulement à inclure la question "comment devrions-nous traiter les personnages de rêve?" mais aussi "comment devrions-nous traiter l'autre dans la vie de veille, nos futurs sois inclus ?" Autrefois j'admettais qu'il était dans notre intérêt de nous préparer pour le futur. Maintenant je tends à croire que nous devrions respecter nos mois futurs parce qu'ils seront aussi des êtres humains, quoique peut-être pas différents des autres.

Note : une discussion plus appronfondie concernant les problèmes de continuité de l'identité humaine peuvent être trouvée dans "Reasons and Persons" de Derek Parfit, publiée par Oxford University Press.


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